COURS D'INITIATION A LA GENEALOGIE
(1) Comment débuter ?
 
Introduction | Règles | Départ | Actes | Difficultés

Ce qui semble le plus difficile en généalogie et qui est pourtant assez simple, est : comment commencer ?. Vous allez voir dans cette suite de pages que cela est à votre portée. Bien sûr, vous rencontrerez des difficultés parfois coriaces, mais en procédant méthodiquement vous allez découvrir petit à petit une merveilleuse histoire : celle de vos origines.


POURQUOI FAIRE SA GENEALOGIE ?

Je serais tenté de répondre : parce que les animaux ne la font pas ! Mais restons sérieux. Le temps d'une existence est limité, et au cours de la votre vous verrez malheureusement disparaître des personnes que vous aimez. Je ne vous apprend rien, il y a longtemps que vous savez que vos grand-parents, vos parents, vous-même et vos enfants ne serez pas éternels. Mais ce dont vous n'avez peut être pas encore conscience, c'est qu'avec la mort d'une personne meurt aussi une histoire et des liens familiaux. Inexorablement ses descendants finiront par oublier leurs origines et par s'ignorer mutuellement. Vous vous souviendrez avec émotion de votre grand-mère sans même savoir si elle a connu sa propre grand-mère. Alors, s'il est encore temps, posez-lui des questions !


LA GENEALOGIE EST FAUSSE

Comment voulez-vous être sûr que le père déclaré soit le bon ? Ne confondez pas généalogie et génétique même si le plus souvent les parents officiels d'un enfant sont aussi ses parents biologiques. Admettons que Monseigneur fasse un enfant à une paysanne. Elle épousera plus tard un paysan qui reconnaîtra comme sien cet enfant, votre futur ancêtre. Vous avez découvert le père officiel et vous ne saurez jamais qu'il n'était pas le père biologique. Et alors, votre généalogie est-elle fausse ? A votre avis quelle a été la vie de cet enfant et de ses descendants, celle de la noblesse ou du paysannat ?


JUSQU'OU REMONTE-T-ON ?

L'acte fondateur de l'état civil français est l'ordonnance de Villers-Cotteret édictée par François I er le 15/08/1539 qui confie au clergé la tenue des registres de baptêmes et décès et impose l'usage de la langue française. Ne croyez pas qu'il suffise d'une ordonnance, même royale, pour que tout un pays applique immédiatement ses directives.

Dès le Moyen-Age le clergé avait commencé à tenir de tels registres. Le plus ancien qui nous soit parvenu date de 1303, mais il est rare que des registres antérieurs à 1650 soient encore existants. Il vous sera parfois possible d'aller partiellement plus loin avec des documents notariaux ou judiciaires, et d'autres fois vous serez au contraire bloqué plus tôt pour diverses raisons (enfant abandonné, registres détruits ...).

En moyenne vous pouvez espérer découvrir vos ancêtres sur 10 à 12 générations.


FAUX DEPART

Vous vous appelez, au hasard, BACHELET. C'est entendu, il y a beaucoup de BACHELET dans le nord de la France et toute votre famille pense depuis toujours qu'elle doit en être originaire. De plus chacun rêve en secret d'un cousinage plus ou moins lointain avec une personne célèbre, un chanteur ou une présidente par exemple. Vous voilà parti, direction nord ! Mais où, quel village, quelle époque et quelle personne ? STOP, absolument rien n'indique que ce soit le bon chemin. Au cours de vos recherches vous découvrirez peut-être qu'autrefois votre nom s'orthographiait BACHELE puis BACHELAY, tant pis pour le faux cousin chanteur et la fausse cousine présidente.


PREMIERE REGLE D'OR

En généalogie, vous devez toujours partir de ce qui est connu sans aucune ambiguïté et remonter ou redescendre pas à pas le fil du temps. Ceci ne vous interdira pas parfois de faire une hypothèse. Il faudra toutefois garder à l'esprit le caractère spéculatif de cette hypothèse et entreprendre des recherches pour la confirmer ou l'infirmer avant d'aller plus loin.

Soyez prudent ! Imaginons que vous soyez invité à diner chez des amis. Ils ont déménagés récemment et vous ne connaissez pas le chemin qui mène chez-eux. Malgré leurs explications, vous vous êtes perdu. Vous allez à un moment ou un autre vous rendre compte que la direction est mauvaise. Vous perdrez du temps en faisant un détour. Vous arriverez en retard. Au pire vous ne trouverez jamais leur domicile et vous raterez un repas, mais vous ne risquez pas de diner chez d'autres personnes par erreur.

En généalogie, vous partez en voyage sans savoir ni qui vous rencontrerez, ni quand, ni où. Si vous avez pris la mauvaise voie, rien ni personne ne vous avertira et vous passerez des années à travailler sur une famille qui n'est plus la vôtre. Alors encore une fois, soyez prudent. Il existe des homonymes ayant les mêmes nom et prénoms. Il existe aussi plus rarement des couples doublement homonymes comme les deux couples Claude ARNOULD & Marie BUYRETTE à Verrières (51) au 17 ième siècle, générateurs de confusions.


DEUXIEME REGLE D'OR

"On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille ..." (Maxime Leforestier).

On ne fait pas de la généalogie dans l'espoir de découvrir un lien de parenté avec un personnage célèbre, ni de trouver un hypothétique oncle d'amérique qui aurait fait fortune. Attendez-vous plutôt à des ancêtres très modestes, ouvriers agricoles, domestiques etc...

Il parait qu'en tant que français j'ai 90% de chances de descendre de Charlemagne. En tant qu'humain j'ai 99% de patrimoine génétique commun avec les chimpanzés. Pas beaux mes cousins ?


BON DEPART

Bon, maintenant que nous connaissons quelques règles, recommençons du bon pied. Vous allez noter tout ce que vous connaissez déjà ou que vous pouvez facilement apprendre sur votre famille. Sauf exception vous devez connaître vos lieu et date de naissance, le nom de vos parents : ce sera un des premiers actes à demander, nous verrons comment un peu plus tard.

Pour le moment vous allez interviewer les membres de votre famille, en essayant de ne pas trop les déranger, et écrire sur papier toutes les informations qu'ils seront capables de vous donner. Noms et prénoms, relations familiales, dates et lieux de naissances, de baptêmes, de premières communions, de mariages, de décès, de résidences ... de toutes les personnes de la famille qu'ils connaissent ou ont connus.

Demandez des photographies individuelles et de groupes, des faire-part, des livrets militaires, etc ... Toutes les informations même verbales et incomplètes seront les bienvenues. Avec leur accord numérisez ou photocopiez les documents. Faite participer votre famille à l'avancement de vos recherches. L'inconnu présent sur la photographie que votre oncle vous a confiée sera peut-être identifié par votre grand-père et c'est votre mère qui se souviendra du nom de son épouse. Vous verrez, même lorsque vous croirez avoir fait le tour de la question, vous découvrirez encore du nouveau au détour d'une conversation.

Sur les lieux où vécurent vos proches, visitez les cimetières, les églises : autrefois les paroissiens avaient leurs noms gravés sur les prie-Dieu, l'emplacement reflète leur position sociale.

Il est très important que cette première phase vous permette de connaître des informations datant de plus d'un siècle car, pour des raisons de protection de la vie privée, les registres d'état civil plus récents ne sont pas directement accessibles.

Organisez bien vos notes en faisant par exemple une fiche par couple, vous risquez sinon de vous perdre rapidement dans le flot de données. Il vous faudra bientôt songer à utiliser un logiciel de généalogie pour faciliter votre travail.


OBTENIR DES ACTES

Maintenant vous allez appliquer la première règle d'or : la vérification des informations. Certes vos proches ne vous ont pas volontairement induit en erreur, mais la mémoire humaine n'est pas infaillible. Pour cela vous allez écrire aux mairies et demander des copies intégrales ou des extraits pour les naissances, mariages, décès que la première phase vous a permis de connaître. Ces documents sont officiels et valideront vos données tout en les complètant encore avec des adresses de domicile, des professions, des noms de témoins, des mentions marginales ...

En France l'accès aux registres d'état civil de moins de 75 ans est régie par le décret 62-921 du 03/08/1962 modifié par le décret 97-852 du 16/09/1997 et par la loi du 01/07/2008. En résumé vous n'avez pas la possibilité de consulter directement les registres mais vous pouvez obtenir, sous certaines conditions, une copie intégrale ou un extrait d'un acte.

L'accès aux tables décennales est régie par l'article 72-3 de l'instruction générale relative à l'état civil, publiée au journal officiel le 28/07/1999, qui indique : "Les tables annuelles et décennales de cent ans et moins ne doivent pas être consultées directement par les particuliers, les renseignements qu'elles contiennent étant uniquement utilisés par les dépositaires des registres pour leurs recherches".

Le procureur de la république accorde parfois une dérogation pour la consultation directe des registres.

Délais de communications des archives publiques (loi du 01/07/2008)
Nature du document Délai de communication
Documents permettant la fabrication d'armes de destruction massive. Incommunicabilté absolue.
Secret médical. 120 ans ou 25 ans après le décès
Documents concernant des personnes mineures ou des agressions sexuelles. 100 ans
Documents relatifs à la sécurité des personnes et concernant la défense nationale. 100 ans
Actes des notaires. 75 ans
Archives des juridictions. 75 ans
Dossiers de personnels. 75 ans
Questionnaires de recensement de la population. 75 ans
Registres de mariage de l'état civil. 75 ans
Registres de naissance de l'état civil. 75 ans
Renseignements sur la vie privée collectés dans le cadre d'enquêtes statistiques. 75 ans
Protection de la vie privée. 50 ans
Sûreté nationale ou secret de la défense nationale. 50 ans
Délibérations du gouvernement et relations internationales. 25 ans
Autres documents (registres de décès de l'état civil, listes électorales, ...). Communication immédiate.


Actes de naissance
Vous pouvez obtenir une copie intégrale pour vous-même, votre conjoint, vos ascendants et descendants directs; un extrait pour toute autre personne membre ou non de votre famille. Il est obligatoire de fournir les noms et prénoms usuels des parents de l'individu concerné par l'acte.

Actes de mariage
Vous pouvez obtenir une copie intégrale pour vous-même, votre conjoint, vos ascendants et descendants directs; un extrait pour toute autre personne membre ou non de votre famille.

Actes de décès
Vous pouvez obtenir une copie intégrale pour toute personne membre ou non de votre famille.

Pour obtenir ces copies ou extraits, il faut vous adresser au service de l'état civil de la mairie de la commune où l'acte a eu lieu, soit en vous déplaçant, soit par courrier (exemple de lettre). Ce service est gratuit mais par courrier prévoyez tout de même une enveloppe suffisamment affranchie à votre nom et adresse pour la réponse. Les mairies ne sont pas tenues de faire les recherches pour vous, vous devez donc fournir un maximum de précisions, au moins les noms et prénoms et une plage approximative de dates si vous ne connaissez pas la date exacte.

La consultation des registres d'état civil de plus de 100 ans est libre et gratuite, les photocopies d'actes sont payantes. Vous trouverez les registres aux archives du département auquel appartient la commune où l'acte a eu lieu. Attention la limite de 100 ans est approximative, parfois les registres restent quelques années de plus en mairie. Sauf cas particulier (domicile à l'étranger ...) les archives départementales ne répondent pas au courrier, vous devez vous déplacer. Vous trouverez les coordonnées des archives départementales sur cette page. Téléphonez avant de vous déplacer pour connaître les dates et heures d'ouvertures et éventuellement réserver un lecteur de microfilm !


QUELQUES CONSEILS

Quelles personnes prendre en compte dans votre généalogie ? C'est à vous de choisir vos critères. Pour ma part je ne participe pas au concours de la plus importante collection hétéroclite d'individus. Fait partie de ma famille toute personne ayant un lien de parenté avec moi, c'est à dire ayant au moins un ancêtre en commun, plus son ou ses conjoint(s). J'ignore le reste de la famille des conjoints, les témoins, les parrains et marraines, les amis, les curés et officiers d'état civil, sauf bien entendu quand ils me sont aussi apparentés. Parfois lorsque je soupçonne une parenté sans avoir de certitude, j'intègre la personne et sa descendance dans une branche séparée et je créé un lien spécial avec un membre de ma famille pour indiquer la parenté supposée dans l'attente de plus amples informations.

Au début de votre enquête vous serez automatiquement tenté d'utiliser le code postal des communes. Préférez lui tout de suite le code insee. Au contraire du code postal, chaque commune de France de Paris au plus petit village possède individuellement un et un seul code insee qui l'identifie donc de manière très précise. Le code postal n'est pas pertinent pour la généalogie et de toute façon il est inutile d'écrire à vos ancêtres décédés.


LES DIFFICULTES

Et oui, vous allez rencontrer des difficultés différentes selon les époques.

Au 20 ième siècle
Vous connaissez déjà la difficulté majeure : les registres ne sont pas librement accessibles. Vous vous rendrez compte que le contenu des actes a évolué régulièrement. A l'heure actuelle par exemple un acte de naissance contient obligatoirement les noms dates et lieux de naissances des parents; au début du siècle et auparavant vous trouverez seulement le nom et l'âge des parents, ni date ni lieu précis.

L'âge des parents permet certes d'évaluer leurs dates de naissances, mais ne vous précipitez pas sur cette piste. Même si vous découvrez un candidat parent, rien ne prouvera qu'il n'est pas un homonyme membre ou non de la famille. Recherchez d'abord le mariage des parents qui vous donnera les noms des grand parents.

Au 19 ième siècle
C'est la période la plus facile. Les registres sont librements accessibles, il existe des tables annuelles et décenales. A cette époque le consentement des parents est requis pour se marier même pour les personnes majeures. Vous découvrirez parfois un mini arbre généalogique dans un acte de mariage donnant les dates et lieux de décès des ascendants des époux pour expliquer l'absence de consentement ! Les recensements réguliers de la population sont aussi une aide précieuse.

La Révolution Française
Le calendrier républicain est adopté pendant quelques années, des communes changent de nom avant de retrouver leur nom d'origine (méfiez-vous des communes dont le nom évoque la royauté ou la religion. Exemples: Choisy-le-Roi, Sainte-Mère-l'Eglise).

Avant la Révolution
Il n'existe plus que les registres religieux, pas de tables, pas de recensements. Les documents ne sont pas toujours très lisibles ni bien conservés. En revanche il est fréquent qu'une personne passe toute son existence dans le même village.

Avant le 17 ième siècle
Il n'existe plus de registres religieux. Les contrats de mariages déposés chez un notaire peuvent permettre de continuer. Ils étaient à cette époque beaucoup plus fréquents qu'aujourd'hui.

Autres difficultés
Les frontières de la France, les limites de départements, n'ont pas toujours été celles que nous connaissons aujourd'hui. L'orthographe des patronymes est variable. Des communes ont changé de nom ou se sont regroupées. Certaines archives de Savoie sont en Italie ou en Suisse. Des actes d'Alsace-Lorraine sont en langue allemande, d'autres en Latin ...

Un exemple : une de mes ancêtres est née dans le département des Forêts. Il s'agit d'un ancien département "français" qui correspondait au Luxembourg, à une partie de la Belgique et à un petit bout de France. Le nom de la commune étant peu lisible je n'ai toujours pas découvert ce lieu.

Bien que très rares des erreurs peuvent êtes présentes sur les registres d'état civil : A en croire les mentions marginales sur leurs actes de naissances, j'ai dans ma généalogie deux frères jumeaux qui se marient le même jour avec la même femme !

En cas de blocage
Vous être arrivé au mariage de votre ancêtre dans une commune, vous connaissez ses parents mais vous ne trouvez plus aucune information antérieure. Manifestement les parents se sont mariés ailleurs. Essayez de chercher ce mariage dans les lieux cités pour les témoins des actes en votre possession, cherchez aussi si l'un des parents apparaît comme témoin sur un acte ne concernant pas directement votre famille. Les témoins d'un acte d'état civil sont souvent des amis voire des parents, ils peuvent vous faire retrouver le lieu d'origine. Essayez de faire des recherches dans les villages voisins du dernier lieu connu en élargissant progressivement le cercle.
 
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